Robespierre, La fabrication d'un monstre by Jean-Clément Martin

Robespierre, La fabrication d'un monstre by Jean-Clément Martin

Auteur:Jean-Clément Martin [Martin, Jean-Clément]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Publié: 2016-01-24T23:00:00+00:00


Accepter le prix du sang

Dès le 18 janvier, lors de la vérification des votes, un député, Kersaint, avait démissionné en invoquant « la honte de [s’]asseoir dans [l’]enceinte [de l’Assemblée] avec des hommes de sang, alors que leur avis, précédé de la terreur, l’emporte sur celui des gens de bien [...] alors que Marat l’emporte sur Pétion ». La discussion s’emballe sur le sursis à accorder ou non à l’exécution. À Tallien, qui réclame un vote immédiat « par humanité », estimant « barbare » de « laisser si longtemps un homme dans l’attente de son sort », La Revellière-Lépeaux répond : « J’ai voté la mort de Louis ; mais ce n’est pas sans horreur que j’entends invoquer l’humanité avec des cris de sang. » Dans un long discours, Robespierre rappelle : « nous avons déclaré une guerre à mort à la tyrannie » et : après s’être élevés « à la hauteur des principes que nous avons consacrés hier », il n’est plus possible de « descendre tout à coup aux ressorts minutieux et déshonorants des plus petites passions ». Mais c’est sur un véritable coup de force de la gauche de l’Assemblée que le principe du vote immédiat est acquis contre les Brissotins, comme l’exprime l’un des députés. Le 19, la Convention rejette le sursis à l’exécution par 380 voix contre 310, non sans s’être de nouveau divisée. Dans un discours peu cité, Brissot prédit l’extension de la guerre si l’exécution du roi est effectuée sans délai, les souverains étrangers profitant de l’horreur qu’elle inspirera à leurs peuples, et il demande à ses collègues s’ils veulent la guerre universelle. La prédiction va se vérifier, à ses dépens.

En réclamant la mort de Louis XVI, Robespierre a changé de logique, puisque, comme il le rappelle lui-même, il était opposé à cette peine un an plus tôt. En écrivant dans une de ses Lettres à mes commettants à propos du procès du roi : « Vous [les Conventionnels] n’avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de providence nationale à exercer », il rompt avec les « habitudes » judiciaires qui ont cours dans un « peuple dont le gouvernement est affermi ». La Révolution n’a donc plus la majesté des principes constitutionnels puisque, en ce moment précis, les « mouvements majestueux du peuple » sont comparables à des « éruptions de volcan ». Dans de pareilles circonstances : « Les peuples [...] lancent la foudre, ils ne condamnent pas les rois, ils les replongent dans le néant, et cette justice vaut bien celle des tribunaux. » Le 10 août et les journées de Septembre sont passés par là. Il est impossible, en l’occurrence, de respecter les préceptes de Montesquieu, que Robespierre cite par ailleurs dans la même publication. L’insurrection a fait rentrer la société « dans l’état de nature » suspendant la loi. « Je prononce à regret cette fatale vérité [...] mais Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive.



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